maison internationale
des écritures contemporaines

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Liberté de
rester, par Eva Von Redecker

Lundi 13 novembre 2023

Traduit de l’allemand par Florence Roucoult-Conan.
Écouter la lecture du texte par Ophélie Ségala en ouverture du festival Mode d’emploi.

 

Il y a quelque chose qui ne va pas dans notre concept de liberté. Il s’agace lorsqu’on critique la mobilité qui s’opère grâce à des caisses en tôle qui brulent du kérosène. Mais la question de savoir s’il y aura encore des oiseaux à l’avenir ne l’affecte pas du tout. Notre concept de liberté veut protéger la propriété, mais ne se plaint pas lorsque des maisons et des voitures sont emportées par des inondations. En revanche, les lois faites par l’Homme, visant simplement à réduire la vitesse ou à changer les moyens de nous chauffer sont décriées comme étant des contraintes. Les enfants savent bien eux que le changement climatique est d’origine humaine. Et pourtant, être privé de liberté, ne les effraie pas plus que ça : une histoire de destin sans doute. La planète brûle ? Pas de bol… Changer de modèle économique et d’habitudes ? Quel scandale ! Culture de l’interdiction ! Dictature écologique !

La liberté qui consiste à vivre dans un monde vivant est relativement difficile à évoquer. Peut-être faut-il commencer par le terme opposé à la présentation courante, à savoir : « la liberté de rester ». Cela semble évidemment paradoxal. Après tout, dans la tradition occidentale, la « liberté » est indissociable de la liberté de mouvement. Pourtant, il existe actuellement des luttes qui mettent l’accent sur le fait de « rester ». On se mobilise contre les mines de charbon à ciel ouvert avec des slogans tels que : « Tous les villages restent » ou en faveur de la forêt avec « Isabelle reste », « Pierre reste » ou « Mehdi reste ». « Nous restons tous » est une déclaration de guerre contre la gentrification et le fait de se faire chasser des villes. A chaque expulsion de réfugiés on oppose le droit au logement en toute sécurité. Mais le fait que rester soit une revendication n’en fait pas encore une liberté. Ne s’agit-il pas plutôt de sécurité ? Ou, si l’on veut, de « vie » ? Ou tout simplement de protection de l’environnement, de protection des minorités.  Une protection qui est actuellement soupçonnée de vouloir abolir la liberté.

En effet, depuis quelques années, il n’y a pas de manœuvre plus efficace pour neutraliser les revendications progressistes que l’invocation de la liberté. Cette valeur centrale de la génération ‘68 alimente désormais les campagnes de politiciens d’extrême droite comme Giorga Meloni et Donald Trump ; elle est désormais moins souvent associée à la paix qu’à la défense. Pour moi, ce n’est pas une simple reprise. Le concept de liberté n’est pas creux au point de permettre à tout le monde de s’en saisir et de se l’approprier. Il y a aussi quelque chose d’intrinsèque à la conception libérale actuelle de la liberté qui préfigure ce tournant, même s’il ne le prédétermine pas. D’une part, la liberté moderne nous promet que nous pouvons en principe tous être propriétaires et que nous pouvons régner sans entrave sur certaines parties du monde. D’un autre côté, cette liberté nous oblige à ne pas interférer avec les exigences des autres. Nous devons accepter des limites afin de préserver nos libertés réciproques. D’un côté l’arbitraire, de l’autre les barrières. Et ces deux aspects divergent désormais au grand jour. Dans presque tous les débats de société enflammés – qu’il s’agisse de la protection contre les infections, de la discrimination, de l’immigration ou de la durabilité – le spectacle se répète : les deux parties brandissent chacune un morceau de liberté fracassée. La revendication de propriété par ci, la considération par là. C’est comme si on s’affrontait à coup de tessons de verre.

Peu de choses symbolisent actuellement aussi bien la rupture dans le concept de liberté que le débat sur les activistes de l’autoproclamée « dernière génération » en Allemagne, qui collent leurs mains nues sur l’asphalte pour manifester contre la construction d’autoroutes et qui prônent une limitation de la vitesse. Ils deviennent en quelque sorte eux-mêmes la barrière.  Face à eux, il y a des gens consternés et dont le quotidien est déjà tellement entravé qu’ils ne savent pas comment supporter une complication supplémentaire. Certains sont obsédés par leur droit de mobilité et sortent de leur voiture d’un bond, poings levés, se procurant le libre passage par la force. Et étonnamment la notion de liberté se met de leur côté.

Mais seulement tant que nous ne réfléchissons ni à la situation mondiale ni aux protestations qui s’y rattachent. Les obstacles complémentaires constituent-ils le but des protestations ? Ne sont-elles pas plutôt une traduction déjà biaisée de préoccupations plus vastes dans nos réflexes habituels ? Et s’il ne s’agissait pas du tout en premier lieu de remesurer le terrain, d’ériger de nouvelles frontières, mais d’une nouvelle manière de nous engager avec le terrain ? Le fait de rester, de faire blocus au nom de la protection du climat, les fait quitter l’imaginaire présentiste de la liberté ‘libérale’ pour se référer aux possibilités de l’avenir. Sur l’axe spatial, il se peut qu’aucune liberté ne réside dans le fait de rester. Mais sur l’axe temporel, toutes sont présentes. On ne peut rester que si les choses continuent. Au cœur de la liberté de rester, et c’est ainsi que je le formulerais entre-temps, il ne s’agit pas tant de rester, mais il s’agit du temps : nous devons temporaliser notre concept de liberté. Mais est-ce seulement possible ?

S’imaginer la liberté sous forme de temps n’est pas facile. Il ne s’agit pas d’une simple opération mentale, elle concerne toutes nos impulsions, tous nos intérêts. « En avant tous ! La voie est libre ! » – on connaît ce sentiment. Mais que ressentons-nous lorsque nous avons la liberté de rester ? C’est comme une bouffée d’oxygène. Plus encore que la liberté de choix, la liberté de rester suggère d’être libéré de la peur. « Je vais vous dire ce que signifie la liberté pour moi : vivre sans peur.[1] », écrit l’écrivaine et activiste américaine Audre Lorde. Le fait d’avoir moins peur, de moins se blinder augmente la capacité d’action ; c’est même cela qui permet d’agir de manière autonome – « être différent sans avoir peur », peut-on lire dans Minima Moralia de Theodor Adorno.[2] Un grand bol d’oxygène permanent donc et un regard lointain qui offre bien plus de points de réflexion. Je peux rester ici et être libre. Et cette expérience est bien plus menacée, bien plus réellement en voie de disparition que la liberté de voyager, réglementée par des décisions politiques.

Là où des régions sont rendues inhabitables en raison de guerres ou de catastrophes naturelles, l’autorisation de voyager est un pis-aller, une obligation de migrer plutôt qu’une liberté. Il me semble que ce n’est plus qu’une question de temps avant que l’opinion générale n’exprime le fait que le privilège du 21e siècle n’est pas la mobilité. Au lieu de l’ancien symbole de statut social attribué aux voyageurs d’affaires, aux scientifiques et aux touristes, le luxe consistera à ne pas être contraint de partir et de tout quitter. De la même manière que la liberté de rester présuppose le droit de partir, la liberté de mouvement n’est qu’une liberté qui permettrait de rester. Et cette dernière, la possibilité de rester, est bien plus exigeante. Elle exige la préservation d’un monde habitable.

Avoir toute liberté de rester à un endroit n’est pas une évidence à l’heure actuelle. La maison avec jardin, surtout dans une zone climatique tempérée, est une chance rare. La liberté de rester est-elle donc la liberté des privilégiés ? Non. Au contraire. Elle représente une attaque généralisée contre le privilège. Pourtant, il ne s’agit justement pas d’abolir le privilège de rester en sécurité, mais de l’accorder à toutes et à tous : ainsi, cela cesse d’être un privilège. Le scandale n’est pas que quelqu’un ait un toit, mais que cela soit considéré comme un « privilège » parce que d’autres n’en ont pas. C’est précisément pour cette raison que je veux rapprocher le fait de rester de la valeur la plus universelle que connaisse la modernité, c’est à dire la liberté elle-même. Personne n’est libre tant que tous ne peuvent pas rester. Et ce n’est pas en redistribuant simplement l’existant que nous allons créer cette liberté – même si ce serait un bon début. Pour pouvoir rester, il faut travailler main dans la main, sans viser le profit. Pour « pouvoir rester » il faut aussi poursuivre le travail « plus-que-humain ». Les sols doivent rester fertiles, la pluie doit tomber, l’air doit être respirable. Il est vertigineux de constater que de vouloir préserver des choses aussi basiques sonne désormais comme une utopie.

Mais le fait que cela semble utopique n’est pas une objection. Le décalage avec la réalité montre à quel point il est urgent de lutter pour la liberté. Et que ceux qui luttent pour gagner du temps dans différents contextes sont déjà des combattant.es de la liberté. Les luttes pour le droit de rester en question visent un avenir dans lequel la liberté existerait pour tous. Dans les luttes autour du travail, il s’agit d’obtenir plus de temps et d’en disposer librement. En se révoltant contre l’oppression, on récupère le temps géré par des tiers. La protection de l’environnement et le développement du système de santé garantissent plus de temps pour vivre.  Le luxe que sont les installations de services publics, tels que la piscine en libre accès en passant par le système d’éducation financé par l’État mais aussi les transports publics sans barrières et gratuits, dégage du temps de vie.

Nous ne resterons pas pour toujours dans « l’Holocène », cette époque sympathique qui a succédé à la dernière glaciation il y a 12000 ans et qui a permis, entre deux calottes polaires blanches, la coexistence d’un nombre abondant d’écosystèmes. Mais c’est justement pour cela que tout dépend absolument de ce que nous pouvons emporter avec nous dans l’Anthropocène pour nous y installer.

 

 

[1]      Cité d’après Christina Clemm : Gegen Frauenhass, Berlin : Hanser Berlin 2023, p.5.

[2]         Theodor W. Adorno : Minima Moralia. Réflexions sur la vie endommagée, in : Gesammelte Schriften 4, Francfort-sur-le-Main : Suhrkamp 1951, p. 116.

  • Saison 2023/2024

Liberté de
rester, par Eva Von Redecker

Lundi 13 novembre 2023

Traduit de l’allemand par Florence Roucoult-Conan.
Écouter la lecture du texte par Ophélie Ségala en ouverture du festival Mode d’emploi.

 

Il y a quelque chose qui ne va pas dans notre concept de liberté. Il s’agace lorsqu’on critique la mobilité qui s’opère grâce à des caisses en tôle qui brulent du kérosène. Mais la question de savoir s’il y aura encore des oiseaux à l’avenir ne l’affecte pas du tout. Notre concept de liberté veut protéger la propriété, mais ne se plaint pas lorsque des maisons et des voitures sont emportées par des inondations. En revanche, les lois faites par l’Homme, visant simplement à réduire la vitesse ou à changer les moyens de nous chauffer sont décriées comme étant des contraintes. Les enfants savent bien eux que le changement climatique est d’origine humaine. Et pourtant, être privé de liberté, ne les effraie pas plus que ça : une histoire de destin sans doute. La planète brûle ? Pas de bol… Changer de modèle économique et d’habitudes ? Quel scandale ! Culture de l’interdiction ! Dictature écologique !

La liberté qui consiste à vivre dans un monde vivant est relativement difficile à évoquer. Peut-être faut-il commencer par le terme opposé à la présentation courante, à savoir : « la liberté de rester ». Cela semble évidemment paradoxal. Après tout, dans la tradition occidentale, la « liberté » est indissociable de la liberté de mouvement. Pourtant, il existe actuellement des luttes qui mettent l’accent sur le fait de « rester ». On se mobilise contre les mines de charbon à ciel ouvert avec des slogans tels que : « Tous les villages restent » ou en faveur de la forêt avec « Isabelle reste », « Pierre reste » ou « Mehdi reste ». « Nous restons tous » est une déclaration de guerre contre la gentrification et le fait de se faire chasser des villes. A chaque expulsion de réfugiés on oppose le droit au logement en toute sécurité. Mais le fait que rester soit une revendication n’en fait pas encore une liberté. Ne s’agit-il pas plutôt de sécurité ? Ou, si l’on veut, de « vie » ? Ou tout simplement de protection de l’environnement, de protection des minorités.  Une protection qui est actuellement soupçonnée de vouloir abolir la liberté.

En effet, depuis quelques années, il n’y a pas de manœuvre plus efficace pour neutraliser les revendications progressistes que l’invocation de la liberté. Cette valeur centrale de la génération ‘68 alimente désormais les campagnes de politiciens d’extrême droite comme Giorga Meloni et Donald Trump ; elle est désormais moins souvent associée à la paix qu’à la défense. Pour moi, ce n’est pas une simple reprise. Le concept de liberté n’est pas creux au point de permettre à tout le monde de s’en saisir et de se l’approprier. Il y a aussi quelque chose d’intrinsèque à la conception libérale actuelle de la liberté qui préfigure ce tournant, même s’il ne le prédétermine pas. D’une part, la liberté moderne nous promet que nous pouvons en principe tous être propriétaires et que nous pouvons régner sans entrave sur certaines parties du monde. D’un autre côté, cette liberté nous oblige à ne pas interférer avec les exigences des autres. Nous devons accepter des limites afin de préserver nos libertés réciproques. D’un côté l’arbitraire, de l’autre les barrières. Et ces deux aspects divergent désormais au grand jour. Dans presque tous les débats de société enflammés – qu’il s’agisse de la protection contre les infections, de la discrimination, de l’immigration ou de la durabilité – le spectacle se répète : les deux parties brandissent chacune un morceau de liberté fracassée. La revendication de propriété par ci, la considération par là. C’est comme si on s’affrontait à coup de tessons de verre.

Peu de choses symbolisent actuellement aussi bien la rupture dans le concept de liberté que le débat sur les activistes de l’autoproclamée « dernière génération » en Allemagne, qui collent leurs mains nues sur l’asphalte pour manifester contre la construction d’autoroutes et qui prônent une limitation de la vitesse. Ils deviennent en quelque sorte eux-mêmes la barrière.  Face à eux, il y a des gens consternés et dont le quotidien est déjà tellement entravé qu’ils ne savent pas comment supporter une complication supplémentaire. Certains sont obsédés par leur droit de mobilité et sortent de leur voiture d’un bond, poings levés, se procurant le libre passage par la force. Et étonnamment la notion de liberté se met de leur côté.

Mais seulement tant que nous ne réfléchissons ni à la situation mondiale ni aux protestations qui s’y rattachent. Les obstacles complémentaires constituent-ils le but des protestations ? Ne sont-elles pas plutôt une traduction déjà biaisée de préoccupations plus vastes dans nos réflexes habituels ? Et s’il ne s’agissait pas du tout en premier lieu de remesurer le terrain, d’ériger de nouvelles frontières, mais d’une nouvelle manière de nous engager avec le terrain ? Le fait de rester, de faire blocus au nom de la protection du climat, les fait quitter l’imaginaire présentiste de la liberté ‘libérale’ pour se référer aux possibilités de l’avenir. Sur l’axe spatial, il se peut qu’aucune liberté ne réside dans le fait de rester. Mais sur l’axe temporel, toutes sont présentes. On ne peut rester que si les choses continuent. Au cœur de la liberté de rester, et c’est ainsi que je le formulerais entre-temps, il ne s’agit pas tant de rester, mais il s’agit du temps : nous devons temporaliser notre concept de liberté. Mais est-ce seulement possible ?

S’imaginer la liberté sous forme de temps n’est pas facile. Il ne s’agit pas d’une simple opération mentale, elle concerne toutes nos impulsions, tous nos intérêts. « En avant tous ! La voie est libre ! » – on connaît ce sentiment. Mais que ressentons-nous lorsque nous avons la liberté de rester ? C’est comme une bouffée d’oxygène. Plus encore que la liberté de choix, la liberté de rester suggère d’être libéré de la peur. « Je vais vous dire ce que signifie la liberté pour moi : vivre sans peur.[1] », écrit l’écrivaine et activiste américaine Audre Lorde. Le fait d’avoir moins peur, de moins se blinder augmente la capacité d’action ; c’est même cela qui permet d’agir de manière autonome – « être différent sans avoir peur », peut-on lire dans Minima Moralia de Theodor Adorno.[2] Un grand bol d’oxygène permanent donc et un regard lointain qui offre bien plus de points de réflexion. Je peux rester ici et être libre. Et cette expérience est bien plus menacée, bien plus réellement en voie de disparition que la liberté de voyager, réglementée par des décisions politiques.

Là où des régions sont rendues inhabitables en raison de guerres ou de catastrophes naturelles, l’autorisation de voyager est un pis-aller, une obligation de migrer plutôt qu’une liberté. Il me semble que ce n’est plus qu’une question de temps avant que l’opinion générale n’exprime le fait que le privilège du 21e siècle n’est pas la mobilité. Au lieu de l’ancien symbole de statut social attribué aux voyageurs d’affaires, aux scientifiques et aux touristes, le luxe consistera à ne pas être contraint de partir et de tout quitter. De la même manière que la liberté de rester présuppose le droit de partir, la liberté de mouvement n’est qu’une liberté qui permettrait de rester. Et cette dernière, la possibilité de rester, est bien plus exigeante. Elle exige la préservation d’un monde habitable.

Avoir toute liberté de rester à un endroit n’est pas une évidence à l’heure actuelle. La maison avec jardin, surtout dans une zone climatique tempérée, est une chance rare. La liberté de rester est-elle donc la liberté des privilégiés ? Non. Au contraire. Elle représente une attaque généralisée contre le privilège. Pourtant, il ne s’agit justement pas d’abolir le privilège de rester en sécurité, mais de l’accorder à toutes et à tous : ainsi, cela cesse d’être un privilège. Le scandale n’est pas que quelqu’un ait un toit, mais que cela soit considéré comme un « privilège » parce que d’autres n’en ont pas. C’est précisément pour cette raison que je veux rapprocher le fait de rester de la valeur la plus universelle que connaisse la modernité, c’est à dire la liberté elle-même. Personne n’est libre tant que tous ne peuvent pas rester. Et ce n’est pas en redistribuant simplement l’existant que nous allons créer cette liberté – même si ce serait un bon début. Pour pouvoir rester, il faut travailler main dans la main, sans viser le profit. Pour « pouvoir rester » il faut aussi poursuivre le travail « plus-que-humain ». Les sols doivent rester fertiles, la pluie doit tomber, l’air doit être respirable. Il est vertigineux de constater que de vouloir préserver des choses aussi basiques sonne désormais comme une utopie.

Mais le fait que cela semble utopique n’est pas une objection. Le décalage avec la réalité montre à quel point il est urgent de lutter pour la liberté. Et que ceux qui luttent pour gagner du temps dans différents contextes sont déjà des combattant.es de la liberté. Les luttes pour le droit de rester en question visent un avenir dans lequel la liberté existerait pour tous. Dans les luttes autour du travail, il s’agit d’obtenir plus de temps et d’en disposer librement. En se révoltant contre l’oppression, on récupère le temps géré par des tiers. La protection de l’environnement et le développement du système de santé garantissent plus de temps pour vivre.  Le luxe que sont les installations de services publics, tels que la piscine en libre accès en passant par le système d’éducation financé par l’État mais aussi les transports publics sans barrières et gratuits, dégage du temps de vie.

Nous ne resterons pas pour toujours dans « l’Holocène », cette époque sympathique qui a succédé à la dernière glaciation il y a 12000 ans et qui a permis, entre deux calottes polaires blanches, la coexistence d’un nombre abondant d’écosystèmes. Mais c’est justement pour cela que tout dépend absolument de ce que nous pouvons emporter avec nous dans l’Anthropocène pour nous y installer.

 

 

[1]      Cité d’après Christina Clemm : Gegen Frauenhass, Berlin : Hanser Berlin 2023, p.5.

[2]         Theodor W. Adorno : Minima Moralia. Réflexions sur la vie endommagée, in : Gesammelte Schriften 4, Francfort-sur-le-Main : Suhrkamp 1951, p. 116.

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